Hermès, dieu du commerce et des voleurs, au premier jour de sa vie a déjà ravi les génisses chargées de tirer le char céleste du soleil ! Pour se faire pardonner d’Apollon, maître de cet attelage, il lui offre la lyre qu’il vient d’inventer. Puis, en mal d’instrument, il invente la Syrinx…
Hymne homérique - Chant 2
Quelques extraits…
À Mercure
Muse, célèbre Mercure, fils de Jupiter et de Maïa, roi de Cyllène et de l’Arcadie, fertile en troupeaux, bienveillant messager des dieux qu’enfanta l’auguste et belle Maïa, après s’être unie d’amour à Jupiter. Éloignée des dieux fortunés, elle habitait un antre ombragé. C’est là que le fils de Saturne, profitant d’une nuit obscure, s’unit à cette jeune nymphe, à l’heure où le doux sommeil avait saisi la majestueuse Junon, car il voulait cacher ce nouvel amour aux immortels ainsi qu’aux faibles humains.
Lorsque la pensée du grand Jupiter fut accomplie, et que brilla dans les cieux le dixième mois, on vit apparaître de grandes merveilles. La nymphe enfanta un fils éloquent et rusé, voleur habile, prompt à dérober les bœufs, maître des songes, surveillant de nuit, gardien des portes, et qui bientôt devait réaliser d’admirables merveilles au milieu des dieux immortels.
À peine était-il né le matin, que déjà au milieu du jour il jouait de la lyre, et le soir il dérobait les bœufs d’Apollon.
…/…
Il dit, l’enlève de ses deux mains et retourne à sa demeure, portant cet aimable joujou. Il vide l’écaille avec le ciseau d’un acier étincelant, et il arrache ainsi la vie à la tortue des montagnes. Aussi prompt, que la pensée qui traverse l’esprit de l’homme agité de mille soucis, aussi prompt que les étincelles qui jaillissent, Mercure accomplit cette œuvre avec la rapidité de la parole. Il coupe des roseaux en une juste mesure et leur fait traverser le dos de la tortue à l’écaille de pierre ; tout autour il tend avec habileté une peau de bœuf ; il y adapte un manche, sur lequel des deux côtés il enfonce des chevilles ; puis il y joint sept cordes harmonieuses de boyaux de brebis.
Cet ouvrage achevé, il soulève cet instrument délicieux, il le frappe en cadence avec l’archet, et sa main lui fait rendre un son retentissant. Alors le dieu chante en improvisant des vers harmonieux, et comme les jeunes gens dans les festins s’abandonnent à de joyeux propos, de même il redit les conversations amoureuses de Jupiter et de la belle Maïa sa mère, il célèbre sa naissance illustre, il chante les compagnes de la nymphe, ses riches demeures, les trépieds et les somptueux bassins qui se trouvent dans la grotte : mais d’autres pensées agitaient son esprit tandis qu’il chantait.
Il dépose la lyre harmonieuse dans le berceau sacré ; il veut savourer la chair des victimes ; il s’élance de la grotte parfumée, arrive sur une hauteur, roulant dans son âme un projet perfide comme souvent en exécutent les voleurs à la faveur des ombres de la nuit.
…/…
Ayant conduit les génisses dans la belle prairie, ces dieux, beaux enfants de Jupiter, remontent ensemble sur le sommet neigeux de l’Olympe : ils se réjouissent au son de la lyre, et Jupiter joyeux resserre les liens de cette intimité.
Depuis ce jour, et maintenant encore, Mercure a toujours aimé le fils de Latone, auquel il avait donné sa lyre. Apollon jouait en la tenant sous le bras, mais lui-même inventa un art nouveau : il fit retentir au loin la voix des flûtes mélodieuses.
En ce moment le fils de Latone dit ces mots à Mercure : – Fils rusé de Maïa, j’ai peur que tu ne me dérobes maintenant mon arc et ma lyre. Tu reçus de Jupiter le soin de veiller au commerce, aux échanges trompeurs des hommes qui vivent sur la terre féconde ; si tu consentais à faire le grand serment des dieux en jurant par les ondes redoutées du Styx, tu satisferais le vœu de mon âme.
…/…
Traduction d’Ernest Falconnet (1817)
Téléchargez une édition électronique des Hymnes Homériques au format .pdf, élaborée par le groupe Ebooks libres et gratuits
Dans cet hymne homérique, c’est bien Hermès qui est l’inventeur de la Syrinx. Pourtant, ce n’est pas ce mythe qui sera retenu…